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Qu’est ce qu’une lithographie?

Le mot vient du grec lithos (pierre) et graphis (écrire). La lithographie est une œuvre graphique, directement tracée sur la pierre par l’artiste.

 Le dessin est alors reproduit manuellement, à la presse, sur le papier. L’épreuve ou estampe ainsi obtenue est signée par l’artiste pour en garantir la qualité et l’authenticité ; elle est également numérotée, le plus grand chiffre indiquant le nombre d’estampes imprimées et le plus petit, le numéro de la litho dans ce tirage unique. Ce sont ces références, ainsi que la qualité du papier et du tirage (arches, rives, auvergne, japon…) que porte le certificat d’authenticité délivré par l’artiste ou par l’éditeur de la lithographie. L’estampe est donc bien une œuvre originale, qui se distingue de toutes les autres.

Il y a donc une différence entre la litho et une reproduction ?

Une très grande différence, puisque la litho est tirée à la main, en un nombre restreint d’exemplaires, tandis que la reproduction est obtenue par un procédé photomécanique à des milliers d’exemplaires. Si on faisait la comparaison avec la mode, on dirait que la litho est un modèle de haute couture, tandis que la reproduction est de la confection. C’est ce qui explique la différence de qualité et de prix.

C’est ce qui explique aussi la vogue de la lithographie : elle est beaucoup moins chère qu’une toile, mais elle représente un aussi bon placement, puisque c’est, comme la toile, une œuvre originale de l’artiste. Une litho de Matisse qui valait 60 francs en 1948 se vendait 6.500 francs en 1972 ; une litho de Miro acquise 200 francs en 1955 s’est revendue 20.000 francs en 1972 ; un Picasso cédé à 1.300 francs en 1945 atteint aujourd’hui la somme de 70.000 francs. Pendant tout ce temps, les reproductions n’ont pas changé de valeur…

Comment réalise-t-on une lithographie ?

Les pierres lithographiques sont des pierres calcaires. On les ponce et on les frotte l’une contre l’autre avec du sable et de l’eau.

Sur la pierre poncée, l’artiste dessine directement à l’aide d’un crayon ou d’une encre grasse. La composition terminée, on passe sur toute la surface de la pierre une solution acide (gomme arabique et acide nitrique). Celle-ci agit sur la pierre calcaire partout où elle n’est pas protégée par l’encre ou le crayon.

Après avoir mouillé la pierre, on peut passer un rouleau encreur qui ne dépose de l’encre que sur la partie en relief, c’est-à-dire la partie dessinée. Pour la litho en couleurs, on travaille de la sorte une pierre pour chaque couleur. A l’aide d’un repérage, on les imprime l’une après l’autre sur la même feuille de papier. L’impression de l’estampe sur papier se fait à l’aide d’une presse à bras. On encre à nouveau pour chaque nouvelle litho et cela le nombre de fois que décide l’artiste, qui signe et numérote les épreuves.
A la place des pierres, lourdes et encombrantes, on peut également employer de plaques de zinc, convenablement préparées.

 Y-a-t-il longtemps qu’on utilise la lithographie ?

Le procédé a été découvert vers 1796 par Aloys Senefelder, à Munich. Mais elle n’a véritablement pris son essor qu’à la fin du XIXe siècle, en même temps qu’étaient remis à l’honneur les autres procédés de gravure (sur bois, sur métal – burin, pointe sèche, aquatinte, eau-forte..)

La couleur a été à l’origine de ce renouveau. C’est Toulouse-Lautrec qui est le véritable créateur de la lithographie en couleurs, procédé qu’ont beaucoup utilisé Matisse, Picasso, Chagall, Boussingault et un nombre de plus en plus grand d’artistes contemporains , comme Dali, Léonor Fini, Labisse, Tobiasse etc..

Les Salons, les Musées Nationaux font une part croissante à cette forme artistique et le Cabinet des Estampes de La Bibliothèque Nationale organise régulièrement des rétrospectives d’une grande qualité. Un public de plus en plus nombreux et averti, qui dépasse largement le petit cercle d’amateurs éclairés d’autrefois, recherche l’estampe, surtout en couleurs, qui a pris une valeur marchande considérable.

Texte d’après M.M.
Avril 1975

Photos Atelier André Mignon (Lithographe) par Jacques Huguenin